Raoul.

Publié le 30 Avril 2012

 

 


 

 

Tu n’es qu’un employé

 

A la maison neuf heures viennent de sonner
La maman gronde sin fils qui vient d’rentrer
Qui lui répond, il est pâle, un peu ivre :
"Quoi! J’ai vingt ans, je m’amuse, je veux vivre!"
La mère a peur ch’est pas la première fois
Qu’y rentre ainsi l’œil méchant l’air narquois
Qui fréquente-il? Sûremint des pas-grand-choses
Des mauvaises femmes peut-être in sont la cause
Il faut agir, elle le sait orgueilleux,
Pour le punir elle lui dit : "Malheureux!

"Tu n’es jamais qu’un employé
Un traîne-misère, un salarié
Malgré tes habits du dimanche
Tes joues rasées et tes mains blanches
Pour jouer aux riches, il faut d’l’argent
Si te veux sortir de tin rang
Sans devenir un rien qui vaille
Travaille!"

"Eh! Bien min grand t’es rare comme les bieaux jours
Ta mère le soir t’enferme à double tour?"
"Et t’eut’ laisses faire, t’as donc pas d’énergie?
Les vieux vois-tu, ça n’comprend pas la vie"
Gabie la blonde, une fille aux yeux bleus
Vient l’imbrasser et les yeux dins les yeux
Li dit tout bas : "Veux-tu d’moi pour maîtresse?
Et t’auras tout, le luxe et la paresse."
"Reste avec moi, et laisse dire les jaloux
Si te t’en vas, si t’écoutes les fous :"

"Te resteras un employé
Un traîne-misère, un salarié
Malgré tes habits du dimanche
Tes joues rasées et tes mains blanches
Si te veux vivre sins argent,
Sins jamais sortir de ton rang
Pindint qu’les autes y font ripaille
Travaille!"

Il est resté car il n’a pas vingt ans
Il joue aux courses, va dins les restaurants
Dins les dancings on l’appelle le bieau gosse.
Mais y a des soirs cha fatigue la noce
Et pis un jour son coeur y est en émoi
Il aperçoit un copain d’autrefois
"Bonjour! Ca va?" et l’aute tourne la tête
En li disant "J’connais qu’des gins honnêtes!"
Il a compris, les larmes montent à ses yeux
Chez sa maman il court très malheureux.

"Je n’serai jamais qu’un employé
Un traîne-misère, un salarié
Malgré min costume du dimanche
Mes joues rasées et pis mes mains blanches.
Non j’veux pas ma vielle maman
Que te rougisses de tin infant!
Pour pas être un rien qui vaille
J’travaille!"
Léo Noël (1914-1966) chanson interprétée par l' immense Raoul de Godewarsvelde, dont l' interpétation de Quand la mer monte me mouille les yeux depuis cinquante ans.

 

Publié dans #pouasie

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M
<br /> Déclamé à Nans sous Sainte-Anne, c'était très touchant: un grand merci  !<br />
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C
<br /> Ah Raoul de Godewarsvelde ! moi aussi j'aime. Mon père chantait ses chansons en bricolant quand j'étais gamine et depuis j'ai un pincement au coeur quand (rarement hélas pour ne pas dire jamais )<br /> je l'entends ou qu'à mon tour je chante en bricolant.<br /> <br /> <br /> Merci pour le réveil de ce beau souvenir.<br />
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M
<br /> La ch'ti vous remercie, je recherche le compositeur sur Gougueule, mais je pense qu'il s'agit de Jean Claude Darnal.<br /> <br /> <br />  Décédé il y a peu,on le disait l'auteur de "Quand la mer monte" je continue mes recherches.<br /> <br /> <br /> Bon défilé <br />
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M
<br /> C'est "bin" vrai (si l'on peut encore employer le mot "vrai"). Bonne manif du 1er mai ! <br />
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B
<br /> Je ne connaissais pas non plus ! grâce à vous, Grand Chiffe, j'en aurai appris des choses ! Votre immense culture n'a d'égale que la beauté des oeuvres de notre chère Dame MTSA. Merci, bonne<br /> journée, bonne semaine Bisous Liliane<br />
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